Pères, arrêtons de nous faire applaudir pour le minimum ! (Et devenons de vrais coéquipiers)

Pères, arrêtons de nous faire applaudir pour le minimum ! (Et devenons de vrais coéquipiers)

Ça t’est déjà arrivé, toi, qu’on te félicite parce que tu tiens le bébé dans tes bras ? Moi oui, et crois-moi, ça ne me rend pas toujours fier. Récemment, j’ai suivi l’affaire Megan Fox/Machine Gun Kelly (MGK). Pour résumer : on s’émerveille devant un papa qui « joue le prof de guitare », pendant que la maman, elle, fait TOUT le reste. Résultat : MGK reçoit les bravos… et Megan Fox, elle, lève les yeux au ciel. Pourquoi, en 2025, applaudit-on les pères pour le minimum syndical ? Et surtout, comment change-t-on la donne chez nous ?

📌 Ce qu’on retient de l’anecdote MGK/Megan Fox

Petit résumé pour ceux qui auraient raté le feuilleton :

  • Machine Gun Kelly, devenu papa d’une petite Saga en mars dernier, reçoit des compliments pour le simple fait d’être vu… en train de tenir son bébé.
  • Lui-même le reconnaît : « Megan fait tout ; moi, je joue de la guitare et j’espère que le bébé va bien. »
  • Megan Fox ? « Furax » d’entendre ce genre de commentaires, et à raison : pourquoi l’effort du père est-il célébré alors que la réalité, c’est qu’elle supporte la plus grande partie de la charge parentale ?

L’histoire est révélatrice d’un double standard toujours aussi tenace : un père fait le minimum, il est applaudi. Une mère fait TOUT (souvent dans l’ombre), c’est « normal ».


La « weaponized incompetence » : quand faire moins devient une excuse

Weaponized incompetence, ou « incompétence stratégique » (autant vous dire que j’ai cherché une meilleure traduction, sans succès), c’est ce phénomène où l’un des deux parents — souvent le père — adopte une posture d’incapable… pour ne pas avoir à porter la charge parentale.

Exemples vécus, chez moi ou chez les potes (promis, je balance pas de noms) :

  • « Je ne sais pas quoi donner à manger, tu feras mieux que moi. »
  • « Il ne s’endort que dans tes bras. »
  • « Fais la liste, sinon j’oublie la moitié des courses ! »

On se retrouve, nous les pères, à reproduire — parfois inconsciemment ! — des schémas qui servent surtout… à nous éviter de prendre notre vraie part. Et je le dis en connaissance de cause : j’ai moi-même mis un temps fou à comprendre que mon « J’ai essayé, mais ça ne marche pas » était frustrant ET injuste.


Parentalité : un double standard solidement ancré

Pourquoi cet écart ? En France, des chiffres parlent d’eux-mêmes :

MèresPères
Soins quotidiens aux enfants (min/jour)9541
Gestion du quotidien familial84 % géré par les femmes
Tâches domestiques et parentales (heures/sem)2814

Source : INSEE, CAF, Ipsos, 2024

On applaudit un père pour « s’occuper de son enfant » là où la mère abattrait tout ce boulot en silence… tous les jours. Résultat :

  • 8 femmes sur 10 disent porter (presque) toute la charge mentale familiale.
  • Un tiers seulement des hommes s’en préoccupent vraiment.

💡 Astuce de papa :

Vouloir « aider » ne suffit pas ; il faut prendre sa part, sans attendre qu’on nous le demande. Faire la chasse aux « Tu as besoin d’aide ? » au profit du « Que puis-je assumer D’EMBLÉE ? »


Les normes sociales : être un bon père ne se résume pas à être « présent »

Les mentalités évoluent, heureusement. Mais délicatement. Longtemps, le « bon père », c’était celui qui bossait dur et ramenait l’argent. Point. Aujourd’hui ?

  • On attend de nous qu’on soit impliqués, joueurs, justes… mais on nous félicite encore trop vite.
  • Le mythe du père « qui aide » (oups, je l’ai dit aussi) nous conforte dans le rôle du second… celui qui soulage, mais ne pilote pas.

Or, être coéquipier, c’est bien plus que préparer un biberon le dimanche ou sortir les poubelles en mode super-héros. C’est :

  • Penser aux rendez-vous médicaux, aux anniversaires et au linge à plier
  • Gérer l’école, les crises, les bobos — sans mode d’emploi ni check-list maternelle
  • Échanger, douter, apprendre… et accepter de ne pas toujours tout réussir !

🎯 Pourquoi s’en défaire ? Pour nos enfants, pour nos couples… et pour nous !

Les enfants d’un foyer inégalitaire l’enregistrent à toute vitesse.
Ils internalisent les rôles genrés qu’on leur montre : maman s’épuise, papa « passe faire la causette ». Résultat :

  • Sentiment d’injustice,
  • Risque de blessures émotionnelles,
  • Adoption de stéréotypes (la petite imite maman qui porte tout… le garçon ne s’implique pas plus que papa).

C’est aussi dans les familles déséquilibrées qu’on retrouve, à long terme, plus de difficultés relationnelles, de mésestime de soi… et une vision tristounette des relations homme-femme.


😊 Passer de “super aide” à “super partenaire” — Les vraies étapes faciles à mettre en place

Allez, on rentre dans le concret (parce que j’aime sortir du flou théorique) :

🚩 Mauvaises habitudes à spotter✅ Alternatives bienveillantes
Attendre de se faire commanderPrendre les initiatives, sans consigne
Laisser à l’autre la planificationS’approprier (au moins) la moitié des listes et rendez-vous
Féliciter le père pour un acte isoléValoriser la régularité, la co-responsabilité
Minimiser ses propres lacunesAccepter/apprendre : chaque erreur est une nouvelle victoire !

Mon conseil de papa (et ex-mauvais élève) :

  • Commence par 1 tâche invisible : la gestion des anniversaires, la commande des fournitures scolaires… Ne vise pas la perfection, vise la régularité !
  • Communique ! Avec sa/son partenaire, mais ausssi avec les enfants. Ils repèrent TOUT.
  • Demande un feedback : le fameux « tu trouves que je prends ma place, toi ? ». Bonus : ose accepter la (petite) claque d’ego, c’est comme ça qu’on grandit.

« Être parent, c’est pas un concours de performance… mais un marathon d’apprentissage solidaire ! »


Bref : si tu es papa – ou futur papa – la vraie victoire, c’est pas d’avoir des likes parce que tu portes la poussette devant la boulangerie. C’est d’être ce parent qui partage, qui apprend, qui ose sortir de la zone de confort familiale. Et là, tu verras : toute la famille, y compris toi, en sortira grandie !