
Il y a des vidéos qu’on aurait préféré ne jamais voir… parce qu’elles nous renvoient à nos propres failles. Quand l’actrice britannique Helen Flanagan a fondu en larmes sur Instagram fin août en disant qu’elle “déteste la coparentalité”, j’ai ressenti ce pincement familier des dimanches de “transfert” où la maison sonne creux. En tant que papa de deux filles et d’un garçon, séparé et très investi, je connais ce mélange de manque, d’anxiété et de culpabilité qui débarque sans prévenir.
On parle souvent de “coparentalité réussie”. Mais que faire quand, malgré toute la bonne volonté du monde, la garde partagée est un déchirement au quotidien ? Parlons vrai, sans vernis, et surtout avec des solutions concrètes.
Table des matières
Ce que dit l’actualité (et pourquoi ça nous bouscule)
- Lundi 25 août 2025, au lendemain de Manchester Pride, Helen Flanagan, 35 ans, partage en stories qu’elle “haït la coparentalité”. Elle explique souffrir d’une forte anxiété quand ses enfants — Matilda (9 ans), Delilah (6 ans) et Charlie (3 ans) — partent chez leur père, l’ex-footballeur Scott Sinclair.
- Elle décrit un paradoxe que beaucoup de parents séparés connaissent: quand les enfants sont là, on se sent parfois débordé; quand ils partent, le vide devient presque insupportable.
Je ne suis ni actrice ni britannique, mais cette contradiction, je la vis aussi. On peut être un parent aimant, impliqué, et… malheureux après la séparation. Les deux sont vrais en même temps.
Ce que disent les pros sur la garde partagée (sans langue de bois)
Les recherches et retours de terrain convergent sur plusieurs points essentiels:
- Avant 6 ans, l’alternance est plus difficile: les jeunes enfants ont besoin de repères ultra-stables.
- Entre 6 et 12 ans, ils comprennent mieux, mais la tristesse et la dépression peuvent pointer.
- Le facteur n°1 qui abîme les enfants, ce n’est pas la séparation en soi, c’est le conflit entre parents (piques, messages via l’enfant, tensions au pas-de-porte).
- À l’inverse, quand les parents coordonnent les routines et apaisent le climat, la garde alternée peut renforcer le sentiment de sécurité: l’enfant se sent important pour ses deux parents.
📌 À retenir
- La “meilleure” garde n’est pas une règle gravée (50/50), c’est celle qui colle aux besoins de l’enfant… et qui reste vivable pour vous deux.
- Le “droit d’être un parent séparé et malheureux” existe, mais ne doit pas déborder sur l’enfant.
Côté papa: l’ascenseur émotionnel (et comment je gère)
Je vous partage ce qui m’aide vraiment quand l’angoisse monte.
- Jours de transition: je programme volontairement un “atterrissage” de 90 minutes. Zéro mail. Marchez, respirez, rangez un coin précis (mon bureau de la table à manger, mon Everest).
- Le rituel “pont” avec les enfants: on se laisse des messages audio réciproques à heure fixe. 2 minutes, pas plus, pour ne pas transformer l’autre foyer en hotline.
- Dupliquez les essentiels: chargeurs, brosse à dents, doudou bis, médicaments. Moins d’oubli = moins de drame.
- Un “contrat de com’” avec l’autre parent:
- Urgent = appel.
- Non urgent = message unique en fin de journée.
- Zéro reproche à chaud; on note, on en reparle le jeudi.
- Hygiène mentale: pas d’alcool les soirs de vide. Ça anesthésie sur le moment et amplifie l’angoisse le lendemain (testé, pas approuvé).
- Le trio SOS anti-anxiété: respiration 4-7-8, douche chaude, 20 minutes de marche rapide. Simple. Efficace.
💡 Astuce d’expert
Pour les émotions qui tournent en boucle, j’utilise la “règle des 3 C”:
- Cadre (je nomme l’émotion: “je suis triste, pas faible”).
- Corps (je bouge 10 minutes).
- Coparent (je n’écris rien avant 12 heures si je suis à cran).
Protéger l’enfant pendant les séparations (le bouclier anti-conflit)
- Rituels rassurants: une phrase “totem” à chaque départ (“On s’aime même quand on n’est pas ensemble”).
- Objets-ponts: un petit carnet qui voyage avec l’enfant, où chaque parent écrit un mot.
- Transition douce: évitez d’empiler changement de maison + nouvelle activité + nouvelles règles la même semaine, surtout avant 6 ans.
- Jamais de message via l’enfant, jamais de dénigrement. C’est tentant, ça abîme tout.
- S’il y a anxiété de séparation marquée (pleurs intenses, somatisations, peurs persistantes), on consulte tôt: la TCC et l’accompagnement parental donnent de très bons résultats.
✅ Mini-plan apaisant pour un enfant anxieux
- Prévoir ensemble un petit “menu de la première soirée” identique dans les deux foyers (repas simple + histoire préférée).
- Micro-séparations progressives en journée quand l’enfant est chez vous (je vais au garage 5 minutes, je reviens).
- Mettre un calendrier visuel à hauteur d’enfant, avec photos des deux maisons.
Quand la garde partagée ne fonctionne pas (au moins pas comme ça)
Parfois, le modèle doit évoluer. Ce n’est pas un aveu d’échec, c’est du sur-mesure.
- Faites un point “neutre”: qu’est-ce qui marche, qu’est-ce qui casse (en parlant de faits: sommeil, devoirs, crises).
- Testez des rythmes différents selon l’âge:
- 2-2-3 ou 2-2-5-5 pour les plus jeunes (plus de retours rapprochés).
- Semaine/semaine ou 5-2 pour les plus grands (stabilité scolaire).
- Passez par une médiation familiale (CAF, CIDFF, associations locales): un tiers calme tout le monde et cadre les ajustements.
- Écrivez un “plan parental vivant”: routines, santé, école, vacances, outils de communication. On le révise tous les 6 mois.
📌 Bon à savoir
La coparentalité ne vous oblige pas à tout harmoniser. Visez “cohérent et sûr”, pas “identique”. Lâcher-prise sélectif = enfant plus serein, parent plus disponible.
Mon kit express “jour sans enfants” (checklist vraie de vraie)
- 30 minutes d’air libre avant 11 h.
- Une tâche utile et finissable (vider un tiroir, pas refaire la cuisine).
- Un message positif aux enfants, bref et sans sous-entendu (“Bonne nuit mon cœur, raconte-moi demain la récré”).
- Un appel à un adulte (ami, frangin, thérapeute): on socialise, même 10 minutes.
- Zéro décision lourde après 20 h (ni mail à l’ex, ni réservation de lama pour l’anniversaire).
Quand demander de l’aide
- Vous ruminez la nuit, crises d’angoisse répétées, irritabilité qui déborde sur le quotidien depuis plus de deux semaines.
- Vous vous surprenez à utiliser l’enfant comme confident ou messager.
- Vous envisagez des gestes auto-agressifs. Dans ce cas: appelez le 3114 (France, 24/7) ou consultez en urgence.
Ressources utiles (France)
- Médiation familiale: via la CAF et les CIDFF de votre département.
- Parcours de soins psy remboursé (MonParcoursPsy).
- Lignes d’écoute parentale locales/associatives (PMI, réseaux de parentalité).
- École/enseignants: alliés précieux pour ajuster les transitions.
Je ne sais pas si Helen Flanagan lira ça, mais son courage à dire “ça me fait mal” m’a fait du bien. Parce que oui, on peut être un bon parent, pleurer dans sa voiture les soirs de garde vide, respirer à fond, puis se relever le lendemain en construisant — pas à pas — une coparentalité plus respirable pour nous… et plus douce pour nos enfants.